Je suis morte.
Plusieurs fois déjà.
Noyée, battue, écrasée, suicidée...
Je suis morte, oui.
J'ai touché la Faucheuse du bout des doigts.
Et j'ai pris peur.
J'ai volé par delà les nuages.
Senti le poids lourd de mes ailes encore jeunes.
Souvent je suis tombée, d'angoisse, de haine, d'amour...
Sentiments fictifs.
T'espérer me suffisait.
J'ai cherché.
J'ai cherché des années entières, des siècles.
Infligeant à mes ailes le poids de la douleur.
Et lorsqu'elles cédaient à trop de fatigue.
Je courais.
J'ai échoué, tant de fois.
Tu demeurais introuvable.
Mes yeux embués de tout ces effroyables sentiments.
Mourir, une fois de plus.
Je n'en veux plus.
Je n'en peux plus.
J'ai massacré les Peuples.
Brûlé les forêts.
J'ai soulevé les montagnes.
Asséché les mers.
Fait fondre les glaciers, geler les déserts.
Tenté d'apaiser la braise qui me consumait, lentement.
Mais le désespoir a vaincu.
A fait de moi un monstre.
Il a volé mon ombre, mes ailes.
Mon âme.
Il a fait de moi une bête.
Assoiffée de Mort.
mourant d'Amour.
J'ai volé par delà les cendres.
Senti le poids lourd de mes ailes devenues rognes.
Souvent je suis tombée, de douleur, de haine, d'amour...
Sentiments d'horreur.
T'espérer m'était devenu insupportable.
Puis je t'ai trouvé.
Baignant dans le sang de mes ignominies.
Je me suis vu dans tes yeux.
Et j'ai eu honte.
Je me suis haït.
Je t'ai haït.
J'ai crevé ces yeux qui reflétaient mon abomination
Et j'ai observé une toute dernière fois ce monde qui jadis était mien.
J'ai creusé ma tombe.
Et je m'y suis caché.
Tu as volé par delà les ruines.
Senti le poids lourd de tes ailes toujours majestueuses.
Souvent tu es tombé, de fatigue, de tristesse, d'amour..
Sentiments fictifs.
M'espérer te suffisait.
Tu as cherché.
Tu as cherché des années entières, des siècles.
Et tu m'as retrouvé.
Baignant dans la fange de mon dégout.
Tu m'as aimé.
Rendu ma dignité.
Et ensemble nous avons rebattit un monde.
Aux couleurs unies par la pureté.
Aux horizons rêveurs
Aux plaines souriantes.
Et nous formions le Peuple
De ces terres devenues Notre.
Aujourd'hui encore je foule le sol
De notre magistral Eden
Les pieds nus sur l'herbe frêle
Je contemple les nuages aux formes inouïes
Saoule du parfum des violettes
L'image de ce démon
Perçue encore dans ton regard
Me rappel à l'ordre lorsque mes ailes noircissent...