Ce sont les 2 premiers chapitres, j'en publierai un tout les mois.
Bonne lecture!
Mikomi.
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Assis
sur ce banc miteux, j'attends. Je l'attend, lui, parce que je sais
qu'il viendra. Quand? J'en sais rien mais il va venir, il me l'a
promis. On s'est donné rendez-vous ici, à la station Chatelet, même
si je sais qu'on va passer la soirée au Marais. Notre premier
rendez-vous... Je me rappelle la première fois que je l'ai vu. Je
sortais du lycée, la gueule en vrac, déprimé, tout ce que je
voulais c'était rentrer chez moi et dormir. Puis il est arrivé, les
cheveux en bataille, l'air rêveur... Je le fixais d'une manière
presque obscène, il s'est avancé vers moi et m'a demandé une
cigarette. Je suis devenu rouge écarlate et lui en ai donné une les
mains tremblantes, je devais avoir l'air con. Il m'a dit qu'il était
nouveau ici, qu'il venait du sud et qu'il rentrait en cours demain.
Quand il m'a dit dans quelle classe il était, sur le coup, je n'ai
pas fait attention. C'est en rentrant chez moi que je me suis rendu
compte qu'il était dans ma classe... J'en ai pas dormi de la nuit.
Quand mon réveil a sonné je me suis précipité dans la salle de
bain, je me suis rasé -chose rare-, parfumé et j'ai passé 3 heures
devant ma penderie à me demander ce que j'allais me mettre, tout en
me disant que j'étais d'un pathétique extrême. Arrivé devant la
salle de classe, il était là, assis par terre, les écouteurs sur
les oreilles. J'ai hésité avant de m'avancer vers lui. Il a levé
la tête. Je n'avais pas remarqué son piercing à l'arcade,
charmant. Il m'a tendu la main pour que je l'aide à se lever, ça
m'a surpris. Il a mit sa main sur mon épaule pour me faire la bise.
J'ai cru mourir. J'ai aperçu un soupir de soulagement quand je lui
ai dit que j'étais aussi en terminale L4. Quand la prof est arrivée
je lui ai proposé de se mettre à coté de moi. Puis, de fil en
aiguille on est devenu amis. Amis... Ca fait maintenant une semaine
qu'on se voit tout les jours, qu'il évite mes regards et que je
rougis sous les siens. Je sais pas trop en fait, on a jamais parlé
de nos vies sentimentales, je sais seulement que, lui aussi, il est
homo.
Le métro arrive, les portes s'ouvrent, une foule de gens
en sort, je le repère du premier coup d'oeil. Il est
particulièrement charmant ce soir...
"-Ewen!
J'ai du crié un
peu trop fort, beaucoup de gens se retournent... Ca le fait rire,
tant mieux.
-Hé, pas la peine de crié, Matt, j'suis pas sourd
tu sais...
Il se penche sur moi pour me faire le bise.
-Euh...
Désolé...
-Bon, c'est la première fois que je sors à Paris,
j'connais que dalle alors j'te laisse décider...
-Ok, bah viens
je connais un petit bar sympa dans le coin!
-C'est moi qui
invite. "
Je l'emmène au Fuketsu-na, un bar japonais au style
assez sombre, j'aime bien la musique ici. Il a l'air ravi, il aime
aussi le rock japonais, on embraye donc la conversation sur nos
styles musicaux. Tout se passe parfaitement, un peu trop à mon goût
d'ailleurs, mêmes idéaux, mêmes goûts, mêmes envies, mêmes
styles de vies...
"C'est marrant que tu m'aies amené ici...
-Pourquoi?
-Bah j'suis japonais, ça se voit, non?
Il me
montre ses yeux bridés en riant, ces yeux qui forment une grande
partie de son charme...
-Oui mais bon, tu aurais pu être
chinois, viêt ou même mexicain, j'en sais rien moi! Y'a pas que les
jap's qui ont les yeux bridés! Tu es de quelle région?
-Je suis
né ici mais ma mère est de Nagazaki et mon père d'un petit village
près de Kyoto.
-Et tu parles japonais couramment?
-Évidemment... Kimi wa kawaii desu, Mikomi-kun!
-Fais gaffe,
je regarde beaucoup de mangas en version originale, t'es mignon aussi
tu sais...
Une gène s'installe entre nous, les pommettes rouges,
il se met à jouer avec le grelot accroché à son corset de cou.
-T'aurais pu me dire que tu comprenais le japonais...
-Tu
m'as pas laissé le temps de te le dire... Pourquoi tu m'as appelé
Mikomi?
-J'trouvais que ça t'allait bien...
Après un long
silence on décide de partir, il va payer pendant que j'passe aux
toilettes. Quand je reviens il est dehors, appuyé contre un mur à
regarder le ciel jaunie par les lumières de la capitale.
-Y'a
pas d'étoiles ici...
-Nan je sais... Je suis né ici donc je
m'en rend pas compte. 'Faut sortir loin de la ville pour commencer à
les voir.
- Elles vont me manquer tiens."
Je m'appuie à coté de lui, sans trop oser m'approcher, je ne suis jamais vraiment sorti avec des garçons, mes parents étant homophobes je n'ai jamais vraiment oser faire le grand saut, de peur de les décevoir, sans doute. Un long moment passe sans que nous disions un mot, il tend le bras et m'attrape délicatement la main. Je rougis, encore. Il me regarde, rit et tire sur mon bras en gloussant un « Aller, viens! On va choper froid! » . Son grelot tinte, il attrape une boule de neige encore immaculé sur le trottoir et me la jette à la figure, je sors de ma petite rêverie de pré-amoureux et lui cours après en criant « VENGEAAAANCE!!! » . On joue comme des gosses, on tire la langue aux flics, on fait des câlins aux travelos qu'on croise, on essaye des fringues de filles avant de se faire virer de chez Pimkie, on s'déguise en arbres de Noël, bref, le temps passe, les boutiques ferment, la ville se vide un peu de sa fourmilière.
« Ewen.
- Quoi?
-T'as
envie de faire quoi? De boire, de chanter, de danser, de draguer des
beaux garçons...?
-Pourquoi
pas les quatre en même temps?
-Hm,
gourmand... Ben suis moi, ce soir c'est Tokyo Décadence!
-Quoi?
Ils sont sur Paris ce soir??
-Bah
à ton avis pourquoi j't'ai inviter à sortir CE soir?
-YATTAAA!
On passe donc la soirée à la Tokyo Décadence, et en effet, nous buvons, chantons, dansons et draguons de beaux garçons. Le temps passe vite, et les 6h du matin arrivent comme un train beaucoup trop en avance, on sort des Caves complètement saouls et euphoriques. On se dirige difficilement vers la station de métro, bras dessus-dessous, chantant des airs de J-rock. On s'assoit sur un des banc. Pas grand monde à cette heure-ci sur le quai.
-Miko, tu dors chez moi?
-Nan
nan nan laisse tomber déjà mes parents ils vont m'tuer d'rentrer
si tard.
-Bah
j'dors chez toi alors!
-Euh...
Non plus.
-Bon
ok... V'là l'métro je file moi, on s'voit lundi?
-Ouai à lundi!
Il me fait un bisou sur la joue et court vers la rame, il trébuche, se relève, rentre dans le métro et me lance un autre bisou.
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J'rentre chez moi, essaye de pas faire trop de bruit pour pas réveiller mes parents. Malheureusement mon trop-plein de chaînes réussit à réveiller... Mon père...
"Matthieu.. C'est toi?
-Ouai...
-Putain mais t'as vu l'heure??? T'as qu'ça à foutre de tes soirées bordel? C'est pas un hôtel ici nan mais tu t'crois où? Puis t'étais où d'abord? Encore avec tes connards de gothiques là? Puis tu t'es vu! Tu ressembles à un pédé! C'est pas un fils que j'ai c'est une putain de tarlouze! Allez casse-toi, tu r'fous pas les pieds ici tant que tu t'maquilleras et que tu traineras avec.."
Dur retour à la réalité. Descente du wagon du bonheur, veuillez vérifier à ne rien avoir oublier dans le train...
J'écoute pas la suite, fais demi-tour et claque la porte. De toute façon je m'y attendais. Ce genre de crises paternelles sont assez fréquentes à la maison. Et ma mère dit rien, elle acquiesce connement. Famille de tarés. Et comme d'habitude quand mon père fait ce genre de crise je file chez ma grand-mère, la seule à qui je dis tout et qui m'aime.
Je reprend donc le métro, puis le RER direction Malesherbe, sur le chemin je reçoit un message d'Ewen «Mon dieu j'suis complètement bourré, je me suis gourré d'porte j'ai essayé de rentrer chez le voisin xD »
Ca me fait sourire. Arrivé à la Ferté Alais, je me dirige vers la maison de mamie. Il fait froid, la neige est devenue noire et poisseuse, les commerçants commencent à ouvrir, la lumière est grise, les gens sont gris. Tout est mort. Je me met mes écouteurs sur les oreilles, histoire de me donner du courage. Je repense à cette nuit de magie que j'ai passé avec Ewen, puis je repense à mes parents... Ils vont me jeté quand ils vont apprendre que j'suis homo, c'est sur. Mais en même temps j'ai pas envie de me cacher... On verra bien. J'arrive chez mamie, je sors la clef et ouvre la porte. Elle est assise dans sa cuisine avec son verre de lait et son vieux chat.
« Il
est quand même gonflé de t'foutre à la porte à cette heure-ci en
pleine hiver...
-Bonjour mamie. »
Je fond en larmes, je sais même pas pourquoi, elle me prend dans ses bras. Pauvre mamie, elle a plus de raison que moi de pleurer, j'suis vraiment minable.
« T'inquiètes pas mon chéri, ça va aller, de toutes façons j'suis toujours la moi! Écoute, dans la journée pendant qu'il travaille tu passes à la maison prendre tes affaires et tu viens ici quelques temps, d'accord? T'as une chambre ici, tu le sais. Aller, va te reposer, t'es pâle comme un revenant. »
[A suivre...]
Mikomi. by Louise Vallex est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.